Devant Lérida, la terre aride, se dresse Un grand mur blanc orné d’une porte épaisse. Les deux vantaux sont faits de bois de châtaignier, Rehaussés de postures forgées avec adresse. Deux bœufs aux larges cornes et par un joug liés, Tirent, sur la voie raide, un tombereau de blé. Par l’unique fenêtre de fer grillagée, Le regard d’une enfant, par l’ombre protégée, Suit avec attention, le char se balançant, Aux jointures des pierres et des galets saillants. Entre les croisillons qui assurent sa garde Au ras de la croisée, une rose hasarde, Dans la chaleur vive du plus torride été, Un bout de rameau vert et sa fleur écarlate.
Le poids de la lumière perçant les brumes mates, Et pour de longues heures, assoit sa royauté Sur la place déserte, les toits et les clochers, Dont les miroirs brillent Sur leurs tuiles vernies.
Il ne manque à cela Qu’un air de corrida, Que le rythme endiablé D’un flamenco ailé, Auprès d’une potale Aux arêtes adoucies Par le vent, par les ans Et la caresse des mantilles ; Au loin la cathédrale…. Et plus loin la Castille…