File le temps, comme la laine revêche Tournaillant au rouet. Les rayons rompus A cet ouvrage d’antan, usés et rêches, Ignorent le dénouement de la masse crépue.
Mais est-il nécessité de connaître l’heure ? Quand on détient un peu de temps, juste un rien, N’est-ce pas là déjà pur et simple bonheur ? File le temps, galant homme ou vaurien !
Je me délecte à l’observer alors qu’il file : Quelle admirable précision, engrenage graissé Pour outrepasser moments forts et instants fragiles. Mais le temps file plus loin, je dois le laisser.
Pourquoi prétendre le retenir et lui tendre Des pièges ne leurrant que le veneur. Il est bien plus sage de l’attendre : N’est-il pas le tisserand de toutes nos heures ?