J’ai vu passer le temps à côté de mon flanc. Il n’a pris qu’un lambeau, l’a porté au tombeau. Il n’a mis qu’un instant, comme le vent soufflant Sur l’humble paquebot, pour se faire étambot.
Il s’ancre toujours plus. Qui sait ce qui m’a plu ? Son silence de mort ou l’absence de mors ? Il prend jusqu’au surplus : ça ne m’a pas déplu ! Insensible au remords, il goûte ce qu’il mord.
Le mauvais et le bon, rien ne lui fait faux-bond Quand il entre au cellier de nos cœurs déliés : Il attend pudibond de nous voir moribonds.
J’ai vu passer le temps sur tant de mes printemps Qu’il m’est bien familier. J’aime ce pilier Qui surplombe constant, la mort qui nous attend.
