À l’heure précise des premières ombres Quand, à l’ouest, entre le ciel et la terre Va s’évanouir le jour, de cette pénombre Je m’abreuve, pauvre visionnaire.
Laissant alors la nuit opérer follement sa magie Ma tête assassine mon corps et s’envole Au pays des songes des mille et deux nuits ; Mes yeux s’habillent de blondes lucioles.
Et mes chevaux sont des cirrus débonnaires ! Et mes armes, des rayons argentés ! Je pars en rêve comme on part en guerre Les cheveux déliés, le cœur prêt à jouter.
Survolant ta silhouette imaginée, sans autre pudeur Que le silence d’un ange qui se donne le temps De soigner une âme qui tremble de peur, Je m’assieds sur le bord de ton corps dormant.
Sans un geste, souffle suspendu, je caresse Ta peau si claire que le soleil a épargné. Mais voilà déjà à l’est le jour qui se presse : Je te laisse un parfum où tu pourras te baigner.