Sous mes yeux, la plaine grouille de corps ensanglantés Des cris de douleurs remontent jusqu’à elle, terrée, Comme l’animal las, blessé mais encore en vie Et qui devine qu’il n’y aura pas de sursis.
Les anges déchus, ces jeunes démons, avancent Derrière la dame noire, qui mène la danse. Hurlant à la mort de ceux qui encore respirent, Le sang fraîchement versé au sol les fait rugir.
Elle, ultime de cette race, n’est plus qu’une ombre. Le souffle se fait court, le cœur bat à se rompre. La sagesse de ses pères, gravée dans son âme, Elle sait : au terme de ce combat, c’est la dame,
Couverte d’un manteau et une faux à la main, Qui, d’un seul geste, ouvrira son tendre sein. Oh dieux des humains, écoutez sa supplique ! Sauvez cette mortelle de leurs cruelles piques.
Mais la dame et sa horde immonde s’acheminent. Foulée après foulée, sa rancœur la détermine. La jeune femme, hautaine, d’un bond se lève ; Qu’importe désormais ! Qu’enfin ils l’achèvent.
La dame est là, un sourire aux dents pourries. Elle porte en elle l’histoire de toutes les infamies. Devant tant d’innocence pourra-t-elle fléchir Et une fois, une seule, laisser la vie et partir ?