Hier, déjà toute une éternité, Le jour est venu s’asseoir Sous les volets éternellement clos Des fenêtres du coeur; Le rouge battant encore Se révolte, cogne, finit par se taire. La raison sournoise s’installe Etranglant le désir et la passion, La nature même de mon âme. Les tambours assourdissent La conscience qui se tord. La main tente une caresse, Mais le bras la retient ; Vaincue, elle retombe à jamais. Au loin, les ténèbres attendent. Les lèvres crient ton nom Qui se fracasse sur les murs Et meurt dans un dernier écho. Ton regard bleu inonde la chambre : Je sais que je suis un noyé en sursis. L’amour chemine en tremblant Comme tout innocent S’en va vers la potence. Déjà les brumes de Léthé Se lèvent et restent suspendues Comme des nuages lourds et noirs. L’or s’enfuit, le ciel se plombe Pour offrir à mes yeux brûlants L’éternité des souvenirs, L’éternité de la folie, La nuit sans fin.