Chaque pétale, un à un resserré, Sur son cœur de tristesse lustrée, La rose pourpre saigne sa noirceur Coagulant à jamais sa stupide douceur.
Elle renferme en son nid épineux Des désirs intriqués formant un nœud. Deux feuilles restent, déjà roussies, Vestiges ployant comme derniers soucis.
Elle fut reine en un jardin, jadis Où le parfum d’amour était en lice Avec un buisson blanc, un jasmin précieux, Dans une arène singulière, cirque vicieux.
Trop fière et trop vaniteuse, la belle Ne tint pas compte qu’en mai, il gèle. Sa robe était de trop fragile facture Pour résister aux assauts de l’ultime froidure.
L’arbrisseau, lui, tout en armure Laissa son feuillage, carapace dure Trembler sous la caresse cassante Qui tuait l’âme frivole de son amante.
Depuis elle trône dans une robe cramoisie Que l’on admire comme une fantaisie D’une nature farfelue et ingénieuse, Oubliant que rose pourpre fut amoureuse.