Le cœur colombier a ouvert la cage Aux palombes amoureuses Il épie dans le vent leur doux ramage Couvrant les anciennes pleureuses Devant le tombeau refermé. Le cœur colombier a pris la liberté De faire remontrance Au ciel enrubanné d’hiver Qui a trop longtemps duré. Et les palombes étourdies Par les ombrages naissants Volent et oublient Dans leur amour gourmand Que Pâques s’avance. Le cœur colombier sourit De les voir à l’ouvrage Du bout du bec, À se nourrir de baisers. Quel carême exiger De ces affamés qui se donnent Et porteront des rameaux À ceux qu’on abandonne Aux sanguinaires poteaux? Le Ressuscité les bénit Comme on bénit les enfants. Leur amour passionné Est exempt de pardon Le bon Dieu doit penser Qu’aimer ne peut être que bon. Le cœur colombier se fend Et des plumes de duvet blanc Viennent fleurir la terre.