Un jour, un jeune renard, vint toiser Une mésange au plumage azuré. L’oiseau naïf aux plumes croisées Voletait dessus des vers délurés.
‘Belle ailée, tu t’essouffles en vain. Regarde dans la futaie, je suis l’ami Que te promis jadis l’ange divin ; Pose ton panache où je suis tapi.’ ‘Bel orateur fauve, qui donc es-tu ? Jamais ma prunelle curieuse n’a Rencontré une toison aussi touffue. Es-tu coutumier de ses sombres bois ?’ ‘Beau volatile, pourquoi seriner Telle sottise ? Je viens des ombres Où je me complais à me chagriner Des hommes et leurs viles décombres.’ ‘Beau pelage, tes crocs sont acérés Alors que ta voix est poétique. Masquerais-tu de flamboyants secrets ? Ma curiosité soudain me pique !’ ‘Bel oiseau, je t’ai cherché Cédant aux apprêts d’autres plumets. Dis-moi le nom que si bien tu cachais Quand mon cœur inconscient déjà t’aimait.’ ‘Beauté rouge, je suis un oiseau sot Aux plumes bleues, à la poitrine d’or. Veux-tu me dévoiler le fond de tes mots Et m’assurer que mon cœur n’a pas tort ?’ ‘Mésange, je suis renard qu’on chasse, Mangeur d’oiseaux sots, jusqu’à aujourd’hui ! Dis-moi quel sort a pris soudain place Dans une bête qui tue comme elle vit ?’ ‘Renard, je l’ignore mais peut-être Que je t’apporte une essence nouvelle. Je n’ai jamais eu à ce jour maître Qui soutienne l’envol à tire d’ailes.’ ‘Mésange, ma mésange, je t’en prie Reste sur terre ou prends-moi sous ton aile. Je te conterai l’éclat du paradis ; Je serai poète, ma toute belle !’ ‘Renard, mon doux renard, prends garde Aux beaux serments prêtés à l’innocente. Il est un Dieu qui d’un œil me garde ! Que rien jamais ne vienne et te démente !’
Depuis, le renard et la mésange Volent ou se terrent, peu importe ! Seuls, ils chantent les mêmes louanges. Que vent du soir, un jour, vous les rapporte !