Depuis toujours j’aime flâner Le long des berges inconnues Tant il me semble Que leur eau atrabilaire me comprend Je ne suis plus qu’une estampe, D’où est fraîche émoulue, Une femme en transhumance Avec toute sa farde de comment.
Je n’oublie jamais dans mes vagabondages D’emmener à l’abri sous mon bras Souci de prudence ou accoutumance, Mon ombrelle à la couleur de pourquoi, Car la pluie est caprice de la voûte Et ne dit jamais quand elle choira. Fausse impromptue, elle se déverse soudaine Afin de calmer mes émois.
Quand je croise un petit groupe d’Argonautes Qui comme mois se demandent, surpris à chaque fois, D’où viennent ces grands fleuves, Je réponds simplement que je ne sais pas. Il est vrai : c’est n’importe quoi !
Mais le plus palpitant n’est-il pas Où il vont, qu’il vente ou qu’il pleuve ? Le plus effroyable est de quitter ces rives Sans que la soif soit assouvie, Et de me rendre au monde qui vivote Sans autre apparente obsession Que celle de demander l’heure Du prochain train pour simple survie. Sans doute suis-je pédante Car cet exorde n’est encore que prétention.
Rives riches de conception inhabituelles Je vous reviendrai, je l’espère Car je ne possède point d’atlas de l’inexploré, Mon cœur est ma boussole. Par intermittence, je laisse un temps Au rationnel pour noter mes « confer » Et en mon âme, graver les leçons projetées Comme le fit jadis saint Paul.