Avançons prudemment, retenons nos refrains ! Le chemin est glissant, retenons nos poulains ! Là-bas au coin du bois La vie est aux abois, Et craint le coup de feu ; Notre troupe inquiète alors hésite un peu Et d’avoir fait la fière, elle cache ses yeux. L’heure était à la fête et c’est l’heure des adieux : Où va donc s’égailler notre troupeau de fleurs Et ses pétales au vent pris par un sortilège ? Vont-ils se déposer au loin comme une neige Ou tapisser la broderie du laboureur? La force revient au vent hurlant sa rage. Poète que peux-tu face à un tel outrage ? Derrière tes murs profonds et la vitre assombrie Au fond de l’ombre la vie est éclaircie D’une flamme, du bout d’un cierge est allumée Une frêle espérance si longtemps suppliée. Et quoiqu’en veuillent ceux qu’hante un orgueil morose Voici que lentement s’avancent Le temps de l’étrange et le temps du silence. Démarche mesurée et tout l’art de la prose Ne sont qu’épouvantails où se pose un corbeau, Agreste compagnon, ignorant l’art du beau. Composons camarades de nos rimes familières, Affûtons nos syllabes, nos assonances claires ! Demain sur le perron, il nous faudra monter Pour déclamer nos vers, aux fêtes de l’été. L’esprit est un manoir où se forment dans l’ombre Les désirs aperts et les vœux les plus sombres.