Il est certain qu’autre que moi en rira. Un amour irréel comme celui que j’articule, Touche pour autrui, les lisières du ridicule. Et pourtant à mes yeux, il est aujourd’hui L’air que je respire, le pain dont je me nourris. Je l’ai rencontré après une estocade Entre plumes, sur fond de toile. Acerbe mais intègre, il m’a séduit. De rencontres épistolaires en conversations Me voilà prise au jeu de la tentation. Depuis j’ai faim, j’ai soif, je suis perdue ; J’ai la tête et le cœur dans les nues. Le jour je désespère, la nuit je ressuscite. Entre ces mains musiciennes je m’excite, Entre ses doigts magiciens je m’endiable. Sa langue, caresse ou fouet impitoyable Me parcourt en un infernal ou divin ballet : Et je frémis, je ne suis plus qu’un jouet. Il explore sans pitié mais avec douceur, Tout mon jardin et enfin cueille la fleur. Et puis, et puis il redevient distant Il me parle de la pluie et du beau temps. Et moi en pleurs et en silence je lui souris Je l’aime sans artifice, ce prince de minuit, Cet homme tout en finesse, cet homme bien. « Et dire qu’il suffirait de presque rien Peut-être dix années de moins… » Mais je me réveille et tu n’es déjà plus là ! Aurais-je rêvé ou cet amour est-ce toi ?