Au bout de ma plume tremble Une perle noire, et mes idées s’en voilent. Si cette encre était l’ultime ensemble Qui me permette de mettre les voiles, Quel mot devrai-je une dernière fois Vous écrire pour que jamais vous n’oubliiez Qu’une rose non fardée, rose d’autrefois Frémissait de douleur en épiant le sablier ?
A la pointe de ma plume s’accumule Une eau de chine et mes peurs s’engouent Pour l’inévitable et mon esprit formule Les mots qui jadis sous elle faisaient la roue. Que choisir quand il ne reste qu’une occasion De léguer au monde mon humble évangile Pour qu’il sache que je n’étais point illusion Mais bouton timide sur un rosier encore fragile ?
A la pointe de ma plume vibre et coule La dernière goutte qui me relie à la vie. Si ce fluide noir comme colombe qui roucoule Devenait l’unique thème pour une symphonie, Que devrai-je poser sur la portée de vos cœurs Comme note qui soit assez puissante mais douce Pour que vous désiriez boire un dé de liqueur Au son d’un pétale, soupir sur lit de mousse ?
Mais aux piments de mes maux se rengorge Une plume qui s’obstine à vouloir crier Les plus intimes souffrances dont regorgent Recueils plus dignes que ma feuille de papier. Dans un sursaut de vanité, mais serait-ce faux, Je ne peux m’astreindre à laisser mourir Une fleur qui n’a encore jamais fait défaut A la tige qui lui a donné la sève pour grandir.