A colmater les brèches et les fissures du temps, Mon âme s’est décapitée aux aiguilles Devenues couteaux à dépecer mes horloges, équarrisseuses de souvenirs.
A planter des graines d’amour dans les déserts cuisants D’existences perverses, Mon cœur s’est enlisé Dans les sables mouvants De l’absurdité.
A chaque porte ouverte, Ton visage est absent. A chaque lune naissante, La solitude hurle ton nom. Jamais, il ne lui fait écho.
Je déambule claudicante Dans les couloirs de Rouge-Mort, Une fleur sanglante entre les lèvres.
Ma poitrine en recueille Les gouttes tièdes Mais mon cœur s’essouffle Chaque nuit un peu plus.
L’amour manqué n’a plus rendez-vous Au pays des verts espoirs. Une heure encore A déserté le cadran.
S’avance en triomphe L’intemporelle cadence Des armées de la Mort. Le vent se lève à l’ouest Alors que le soleil déjà se meurt.
C’est la dernière nuit de sève. L’arbre à rêves, dépouillé De son ultime ardeur, Trône sur le reg Des mémoires calcinées.
Leurs cierges dont la mèche A tout offert de sa virginale ferveur, Ne sont plus que des parodies de dentelles Et la cire écoule sa désespérance Au pied de mes ex voto.
Sur les dalles froides et ternes De la Superbe et de la Convoitise, S’acharnent Quelques vers à songe Autour d’un lambeau pourrissant de féerie.
Les feux follets sont Les nouveaux réverbères Au cimetière de mes émerveillements.