Vous la croirez peut-être endormie, la mutine. Vous la penserez alanguie et le regard ailleurs Dans sa pelisse d’ébène rasant ses courbes félines, Quand son corps élégamment étendu dans la chaleur Rappelle ces femmes qui sommeillent à l’heure Où le midi gagne les esprits et les évapore.
Pourtant ainsi faussement rêvassante Elle vous regarde, vous épie, vous attend. Belles gazelles qui buvez pour rester vivantes Vous êtes dans l’œil du fauve sanglant, Qui plus que soif a faim de votre candeur Et qui cache habilement la rage de son corps.
Vous ignorez ses oreilles tendues, ses narines béantes, Brasée à la terre, elle patiente pour mieux vous happer. Vous ne la sentirez pas se tendre dans l’herbe brûlante Et soudain bondir jusqu’à vos gorges désaltérées. Toute en grâce et en agilité, démarche sensuelle, Repue, l’œil enfin tendre, elle s’en retourne.
Elle s’éclipse dans le soleil qui embrase Le lieu de son banquet et disparaît à nouveau. Et moi qui l’ai admirée dans une pure extase, Je pleure sur les proies de ses futurs assauts. Panthère, pelage noir, anomalie qui se rebelle, Me nargue puis, de son allure princière, se détourne.