Sous les lumières orangées de la ville Plane un brouillard, une brume, épaisse voile Tendue en paravent pour cacher le nombril Des repères pouilleux de la capitale !
Des femmes, des filles de joie se proposent Aux promeneurs à l’œil ivre ou désespéré. Pour un peu de plaisir, ces demoiselles roses Recevront pour tout remerciement, un billet.
Ah il est loin le temps du café de Lautrec Les arts bénis sont cloisonnés dans des palais Où le bourgeois creux vient s’époumoner avec Un air de connaisseur ès beauté diplômé.
Mais l’artiste, lui, circule sous la nappe De la grisaille urbaine et mord à pleine dents Dans les recoins grouillants et les happe Pour fixer ad vitam aeternam leurs relents.
Des mécènes désoeuvrés mais nécessaires Leur offriront, comme aux filles de joie, des sous. Ainsi, ils pourront le public satisfaire Et feront comme toujours tourner la roue.
Vincent, Paul ou Charles, rien n’a vraiment changé : Vos petits frères connaissent vos galères ; Ils sirotent toujours, sillonnent les cafés. Seule, des vieux faubourgs, la coiffe diffère.