Quand mon visage ne sera plus que souvenir, Entendrai-je tes pas froisser la douce neige, Pétale d’arbre en fleur sur le gris de la tombe? Aux soirs de printemps, viendras-tu la fleurir ? Sur la pierre où mon nom n’est plus qu’un mot Verse ici les larmes qu’ailleurs tu retiens,…
Surtout ne franchis pas les lézardes du chagrin, Abîme séducteur qu’ouvrent tes sanglots ! N’écoute pas les exhortations de ta folie. La mort n’est autre qu’un rideau translucide, Abritant le boudoir où quelque jeune femme se pare Pour des noces espérées toute une vie.
Pour toi l’heure n’était pas ; L’orfèvre tarde à graver les anneaux, La maison manque de meubles, la chambre est vide. Et moi, je dois, avant que tu n’arrives, Cueillir encore quelques jeunes étoiles Qui seront diadème de lumière sur l’autel du firmament. Sois patient et reviens, encore et toujours, A chaque lune vernale, avec un bouquet de pudeur. Penchant amoureusement ton cœur Dépose les myosotis sur le marbre froid, Ecoute le chant que fredonne l’aubier en fleur !
Il suffira alors que ta main, cette main autrefois Consolant si souvent mes larmes inutiles, Il suffira qu’elle effleure l’âpre tombeau, Et l’amour ainsi libéré comme un rayon timide Entrouvrira enfin le rideau et son opalescence. C’est là qu’attend mon âme, invisible présence.
Qui ne put t’aimer à la lumière du jour, Sache que j’ai trouvé, dans l’ombre, Un jardin de délices, un royaume pour les fous. Le ciel et la terre s’y affairent et s’entraident. Les anges rougissants récitent tes poèmes Pour écourter l’infinie lenteur des nuits blêmes.
Long est le temps pour enfiler une robe d’épousée. N’accable donc pas les printemps qui passent Ils servent les douleurs qui se perdent dans l’espace. Dès lors, les peines taries aux sources des sombres regrets, Je t’appartiendrai de l’autre côté du rideau de nos vies. Je t’appartiendrai de l’autre côté, à l’ombre des astres.