Je me souviens d’une nuit comme tant d’autres D’où le silence repu tire sa révérence Je revois cette créature inquiète Aux premiers soubresauts de la vie Écoutant Les yeux attardés de sommeil Les passants charmés C’est peut-être En poésie Que le don du partage Cette vérité traquée Scelle aux confins amers de ma solitude La vertu lancinante du petit cheval de bois Je lance le gouffre hilare de la rue Sur le versant caillouteux de la curieuse épopée Je m’étire et me jette sous les cris frondeurs Je regarde et savoure En poésie Le chemin oublié La vertu souillée au parvis de la force émasculée Le rire noyé des amis en partance Les mains avides de convoitise Tendues vers l’indicible mystère La cacophonie hirsute de l’aube La fluidité sibylline de l’air La lointaine et irrésistible réminiscence En poésie Je me souviens à l’hypogée de la vie De la lactescence de l’allure De la débonnaire certitude Dans mes mains assagies par le temps Qui passe et s’éloigne Et la nuit N’en finit pas De recommencer En poésie