Accrochée aux branches des grands banians Cloîtrée dans la main des vieux mendiants Couchée dans le panier d'osier des grands-mères Écrasée dans la poche des terribles victimaires
Elle est un rubis parmi les herbes du jardin Appréciée de la guêpe comme du muscardin Telle une goutte d'or dans une mare de sang Apportant la paix là où la nation perd ses enfants
Arbre nourricier aux feuilles palmées de bronze Murissant entre les mains jointes d'un bonze Renaissant dans les plaies et les écorchures Puisant l'eau d'une racine sans panachure
Du haut des frênes s'envolent les runes Elle est une poire à la robe couleur de prune Une dame de compagnie fidèle à sa marquise Endimanchée d'une chair pourtant exquise
De tendres joues se tendent à nos lèvres Voilà le fin joyau travaillé du grand orfèvre Lui qui est si haut et si bon envers nos âmes La créa à l'image du cœur vermeil de la femme
Jovial est celui qui s'endort à l'ombre du figuier Ce corps dormant sera bien jugé par l'abrupt viguier Il se laissera séduire par le temple qu'est cette igue Et gouttera à la gourmandise en croquant la figue