Souvenirs d'un quartier populaire
Ah, Pinou, redis-moi, par-dessus ta charrette
Aujourd’hui , comme hier, viendra « La Bamboula* » !
Chabichou, malicieux, qu’aucun bon mot n’arrête,
Sortira sa guitare pour tous ceux qui sont là !
La sortie de l’école avait pour habitude
De voir chacun régler comptes ou désaccords
Marcher droit, c’était bien la seule certitude..
Que l’on soit de Deyries ou de Cazemajor..
Les pavés danseront au bruit de nos galoches
Manolo formera sandales et cordons.
Semblables aux moineaux picorant la brioche
On ouvrait grand les portes pour faire « collation »
Parfois, l’après-midi, c’était au patronage
Que la passion du foot, faisait l’adolescent
Glorieux ou déçu, selon les arbitrages
Sous le regard ému de notre Abbé Vincent…
Les jours heureux passaient comme une fulgurance
Le dimanche, souvent, lorsqu'arrive l’été
Le quartier, en émoi, retrouvait son enfance
Au passage des « compagnons de la gaieté ».
Entrez ! Entrez ! Et vous verrez ….
A l’aube des seize ans, le cœur entre en campagne...
L’Amour frappe au hasard de certains rendez-vous…
Et nous nous retrouvions à la « Casa d’Espagne »
Chez Busto, rue Kléber ou simplement « au Clou » !
Aujourd’hui, j’ai chaussé les pas de ma jeunesse…
La plupart sont partis, mes pas sur ce goudron
Recouvrant mes pavés, n’ont plus cette souplesse…
Les portes sont pourvues d’un horrible œilleton…
M. Garcia, octobre 2014
* "La bamboula", c'était une sorte de loterie à bas prix, la veille de fête, où le ticket gagnant avait droit à la fameuse corbeille de denrées alimentaires festives que proposait ce fameux: "Pinou; (Gitan espagnol, sédentaire), aux gens du quartier.
Le problème c'est que faire "Bamboula", c'était en fait truquer le tirage en faisant gagner un complice, afin de faire un autre tirage avec le même lot, quinze jours après, (une spécialité de notre Pinou local....).
Et comme le complice était toujours un jeune démuni du quartier, on était tous un peu complice de ce stratège malicieux Pinou ...
Tout le monde était au courant, et pourtant tout les gens du quartier continuait à participer à cette fameuse corbeille de loterie, que Pinou trimbalait sur sa charrette décorée pour l'occasion, les jours précédents ce fameux tirage soi-disant "sort", afin d'allécher sa clientèle populaire ...
C'était : "faire Bamboula " ....