Le silence de mon cœur réveilla le crapaud Qui dormait sous ma tombe et ne m’attendait plus Et spongieux il tomba de ses songes en sursaut Lorsqu’il huma le cri de mon âme déçue.
Verdâtre batracien qui coasse dans l’ombre De ma conscience sourde aux appels de la pluie Observe bien ton frère qui éclaire la pénombre Par la simple éclosion de son regard de suie.
Toi mon frère de sang Toi gardien de mes rêves Tu laisses sur le temps L’empreinte de tes lèvres Toi mon ami hideux Mon compagnon d’horreur Toi mon cousin lépreux Qui ronge mon intérieur…
Sous ma tombe tu iras ce soir te recoucher Tu imagineras l’instant de mon retour Et puis tu mêleras tes sanglots à la tourbe Tu ne sauras que faire pour cesser de saigner.
Enveloppe tes membres du parfum de la terre Ecoute bien les pleurs qui tracent sur mon cercueil Les lettres desséchées d’un sentiment de pierre Qui dissimule ses doutes sous un masque de feuilles.