J’ai ici, face à moi, ce beau réservoir d’encre, Frais, vigoureux et fier comme un jeune marin. Alors que tous nos grands professeurs lèvent l’ancre, L’encrier, lui, scrute l’Océan Scolairien.
Son précieux fluide, trésor des mers d’antan, Peu à peu disparaît, corps dépris de son sang ! Exilé sur ma table au milieu des papiers, L’ancrage de verre l’empêche de lutter...
Affolé, effrayé à l’idée de la mort, Il chute. Et s’écoulent là, ses larmes bleutées. Inutile à présent, jeté par-dessus bord, Il s’engouffre parmi tous les autres déchets.
De vielles cartouches par sa vue attendries, Lui versent une encre noire pour reprendre vie. Et ce sang noir ébène, il coule désormais, Dans les jeunes veines Du révolté.
