Mâcher des vers vides et d’autres pleins de rides Trognons amanites fulvas et phalloïdes Brunes et vireuses le tout sur un quignon Je n’ai plus pour mortel que ce péché mignon.
Vides tel Manneken-Pis qui ré-initie D’antiques continents jaloux d’une vessie Qui fit des tsunamis sans inondation Et qui y va sans peur de quelque ablation.
Et pleins comme suer un soleil d’Algérie Sur toutes les isbas gelées en Sibérie Et des dattiers hennés d’où l’on goûte sevrés Des fruits édéniques pour Adam désœuvrés.
Fauves et non fauves plutôt flore que faune Sont vénéneux les mots que l’on mesure à l’aune D’un amour dont le vin est ultime secours Lorsque doute le sein de son propre discours.
Phalloïdes ainsi que d’orales annales Que soufflent les totems des tribus bacchanales Sur le bateau ivre d’un truculent Rimbaud Sur le bateau-lavoir ou tout beau paquebot.
Brunes les gazelles timides des tropiques Brunes également ces blondes germaniques Fana de leurs nazis de maris enfumant Toutes les étoiles brillant au firmament.
Vireuses voyelles dans la lie du verbe Monte un rond de fumée fait d’eau de vie et d’herbe Rappelant le poison au fumeur patenté Qui fit que fut l’éther de poètes hanté.
Oui, c’est ainsi que moi je bois à la manière D’un poète soufi avide de lumière Qui façonne des cœurs de glaise et de bois-vert Et chante la genèse à big-bang découvert.
Mais je suis déjà soul… Et je suis vraiment soul, soul à lâcher l’obole Et lancer mon verre comme le discobole Dans les nuits stridulées par le chant d’un grillon Laissant libres mes vers de tracer leur sillon.
Dans l’œuvre du Rahman et le cœur de ma femme Étouffant un grand feu, ravivant une flamme En poète qui trinque à la création Et en mortel qui vit sa résurrection.