Ils ont osé franchir brousse et vallées Prenant pour seul bagage la foi de leur misère Au nom de leurs femmes, enfants et pères Qui agonisent dans l'indifférence et la poussière.
Ils ont osé affronter la fournaise du désert Marchant jour et nuit, sans eau et sans pain, Avec au coeur l'espoir en son prochain De découvrir l'eldorado de leur dernière chimère...
Ils ont osé s'agripper aux griffes des barbelés Et dans un dernier sursaut, abandonnent, déchirée Par le grillage, la peau de leur souffrance Souillée par les larmes, le sang et la désespérance.
Ils ont osé refermer sur leurs frères venus d'ailleurs Les portes de l'amour et du partage En les refoulant brutalement dans les ténèbres Sans pitié, livrés aux tempêtes des sables.
Le monde a osé écouter et regarder Ces pauvres hères jetés entre ciel et terre, Meurtris, blessés plus en leur coeur Qu'en leur chair, de l'intolérance de leurs frères !