Les bleuets de mon cœur
En pétales d’ancolie aux larmes translucides,
En cierges éclairs et blancs à la cire limpide,
Les bleuets de mon cœur se sont mis à saigner
"Ne pleure pas ta jeunesse" : la lumière a parlé.
A la gloire du matin, elle susurra quelques roses.
"Si tu perds l'impatience, le temps fera une pause,
Les soucis, les pensées, pour un instant suspendus,
Appelleront la rosée qui se dévoilera, nue.
Son nombril de Vénus d'un vert tendre hypnotique
Ses perles d’opaline aux violettes colchiques
Tout en elle capture et convoite les iris
Des regards qui se perdent comme se perdit Narcisse...
Puis la Dame d’onze heures, Adonis au bras
Assumera la relève, en son pourpre apparat
Emportés dans sa traîne, des milliers d’agapanthes
Etourdiront d’un coup, l’angoisse déjà mourante "
Des alentours figés, plus aucun son n’oscille.
Où suis-je rendue, perdue ?… Ma mémoire est labile.
À ce moment précis, elle ne me parle plus.
Je comprends, j'ai compris, la frontière est ténue.
Alors parait la belle, la glorieuse, la merveille
Inconnue, ingénue et à nulle autre pareille
C’est la fille du Cosmos, effrontée en errance,
Longiligne, filaire, elle se tend l'Insouciance,
Elle tend aussi ses bras, recouverts de dentelle,
Et m’offre un doux bouquet d’œillets bleus irréels,
Elle est si majestueuse, mes yeux sont en tutelle
Digitale aérienne angélique immortelle.