Le hasard un matin a croisé mon chemin Le long des peupliers il m’a pris par la main Tes yeux si luisants brillaient dans le lointain Le hasard au matin s’est mis en chemin
A la croix de l’épée nous avons devisé Croisant haut le fleuret à la fleur de l’été Et contant fleurette parmi les feux follets Cueillant dans le soir des roses crucifiées
Nous avons lu à deux le livre du destin Le sens de la vie devenait plus humain Et mirés nus à l’arc-en-ciel du matin La main sur nos verres irisés de levain
A l’orée d’un calvaire où l’ombre se soulève S’envola un matin la chimère de mes rêves Je traçai une croix sur toute mon espérance Arrachai au muret le trèfle à quatre branches
Vide à mon tour je lançais à croix et à pile Mon amour facétieux roula dans la charmille Et marchant à pieds nus sur la croix des merveilles La rose de la guerre me frappa à l’oreille
Les yeux enclos barrés d’une croix verte Désabusé, déçu, par la croisée ouverte Tu tournas un matin l’épaule à la vie Le destin ordonna ton arrêt à midi
Sur les chemins de veille je dus porter ta croix Le monde indifférent était bien à la peine Une nuée de corbeaux s’abattit dans la plaine Croassant dans le pré au passage de sa proie
Le sang rougit la chair pâle de mes lèvres Ton souvenir hostile me poursuivit sans trêve J’étirai droit en croix mes jambes sous l’olivier Et signai d’une croix noire ta note sur le clavier
A la croisée du jour je forcerai l’avenir Décousant à mon cou la croix du repentir Brodée au point de croix d'un long fil argenté Qui dans l’azur nuera une croix de vie ansée