Où nous étions assis dans l’herbe, au pied d’un arbre — Une racine nous gênait, qui faisait un « pont ».
Où je me confiais, pour la première fois. Où l’amour m’a saisi, pour ne plus me lâcher.
Je n’oublierai jamais ce soir-là.
Où je voulais que nos corps s’allongent, Où tu ne voulais pas.
Où j’ai pleuré souvent, implorant ton amour. Où tu as fini par m’accorder un baiser — Le premier, le plus divin de tous, et dont Je me souviendrai Jusque dans ma mort.
Ton souffle sentait l’herbe, et ton corps, la vanille.
Je n’oublierai jamais ce soir-là.
Où tu ne m’aimais pas encore, Où tu m’aimais déjà.
— A cinq heures juste un premier oiseau s’est mis à chanter.
Ce soir-là est ancré profond en ma mémoire, comme en terre Cette racine qui gênait — elle faisait un « pont ».
Non, jamais je n’oublierai ce soir-là.
...
Depuis, l’arbre a été coupé. La souche, elle, est restée — Et notre amour a pris son essor.