Dans l’étoffe d’émail étincelante et lisse Te voici étendue, un genou relevé ; Une onde parfumée et ruisselante glisse Dessus ta peau tendue — ô Diane au levé !
Une boucle alourdie à tes cheveux caresse, Désinvolte frison, ta nuque de déesse ; Sauvagement ourdi se cache le cheveu D’une dense toison — que je devine un peu.
Aventurant un pied dans la mousse argentée Je te rejoins bientôt — suis-je faune ? dragon ? —, Et la moite vapeur qui monte du lagon Attise tous mes sens — et mon âme enchantée.
De mon pouce j’essuie, à ton doux front suintant, La rosée ; à tes seins de laiton étincelle Un vin ; puis une perle à ton téton ruisselle, Dont ma bouche s’approche — et s’abreuve en chuintant.
Je prends le gant de crin, et alors je te frotte Jusqu’à voir le satin de ta cuisse rougir ; Toi, tu quêtes l’orvet que tu as vu surgir Tout-à-l’heure. Est-ce en vain ... ? — Tiens, le voilà qui flotte !
...
Tu te dresses, Vénus, levant l’eau de santal Tel un voile drapant tes épaules opaques, Et des pans aux reflets bleutés tombent en flaques À tes pieds délicats — dans un bruit de cristal.
Dessus ton corps luisant je passe la serviette, M’attardant avec soin à chaque gouttelette ; Puis je m’écarte un peu, n’osant plus te toucher : Ton image m’évoque — un tableau de Boucher.