Ne connaissez-vous pas l’histoire de ce bœuf Qui voulait à tout prix tracer un sillon neuf ? Il était une fois un bœuf, assez modeste, Que les autres bovins semblaient souffrir, du reste.
Quand lui et ses amis étaient tous bovillons, Ils espéraient creuser, plus tard, de beaux sillons ; Mais lui avait surtout un bien étrange rêve, Auquel il aspirait à s’atteler sans trêve.
Il formait le souhait — je le dis sans mentir — De tracer un sillon d’une nouvelle sorte ! « Ce n’est pas, disait-il, sa longueur qui m’importe, Mais c’est sa profondeur que je veux garantir. »
Une fois qu’il avait entamé un sillage, Notre bœuf, sa charrue enfonçant davantage, Le recreusait encore et encore. Et pourtant Jamais de sa profondeur il n’était content.
Un beau jour vint enfin où le soc de l’araire Fut si profond que rien ne l’arrêta plus guère ; Et sous les yeux hagards de tous les autres bœufs, Très fier, il finit par couper la Terre en deux !