En ce lieu l’on peut voir : quatre blanches colonnes Qui regardent la mer, fières comme des i Majuscules, géants de pierre de trois tonnes Qui dominent la côte, et au loin, l’infini ;
Sous un large fronton, c’est un vaste portique Ténébreux, surplombant la terrasse, pareil À un colosse gris qui pose, hiératique, Sur le dallage ocré que chauffe le soleil.
Après un muret bas scintillent mille étoiles Sur les eaux que le vent remue, en s’amusant, D’un clapotis vivace, ainsi que d’amples toiles De satin bleu marine aux reflets éclatants.
Plus loin, d’altiers bateaux exhibent leur voilure Qu’ils gonflent à l’excès ; dans les sillages longs, Les multiples couleurs que porte leur mâture Les font très ressembler à de jolis ballons.
Parmi ce paysage aux eucalyptus règne Un calme inouï, — mieux : de la placidité, — Et l’astre noblement posé au zénith baigne Toute chose dedans sa luminosité.
De jour, les outremers jouxtent le vert turquoise Entre les rochers en camaïeu. Chaque objet, De nuit, n’est plus réduit qu’à une ombre chinoise Ciselée en l’ébène et aux limbes de jais.
En ce site éternel habitent tous les âges : Les jeunes gens joyeux qui flânent longuement, En toute insouciance, — et aussi les plus sages Pour qui, semblerait-il, repose un peu le temps.
De ces lieux lénitifs l’atmosphère magique Est à jamais scellée au souvenir de toi, Où ta présence chante une douce musique Qui transporte mon cœur dans un céleste émoi.