Comme feuille fragile en automne
Elle tremblait comme feuille fragile en automne,
Là, immobile, le mouvement triste et saccadé,
Ramassant du temps ce qu'il reste d'heures à créer,
L'air contrit, larmes figées, le regard triste dans le sien
Elle ne disait plus un seul mot, la bouche éteinte.
Elle ne lui disait plus rien, plus rien de leurs émois.
Lui, n'avait plus rien à dire ayant tout dit, d'elle,
Tout dit des mouvements sans vie que la vie prend.
Elle était assise dans sa chaise de rotin au salon
Que rotin craquait à chacune de ses crispations.
Elle passait du fauteuil au grand lit, du lit au fauteuil,
N'osant plus le regarder, n'espérant plus rire, ni sourire
Elle lui avait demandé d'être son bras, ses jambes,
Avait abandonné sa promenade contre la montre,
Le visage figé, les doigts épris de sa douleur vive
Qu'il attrapait comme on peut à l'automne venant.
La vie était tissée de petits riens, de lourds chagrins
Qu'il ne montrait pas. Pas ! qu'il pleurait silencieux
Tout le jour, toute la nuit, surtout la nuit. Oui, la nuit.
Il veillait. Il la veillait, tellement amoureux d'elle.
Quand l'automne lent n'en finissait pas de rougir,
Quand l'hiver refusait de venir vraiment, elle tremblait,
Comme feuille veut rester accrochée à sa branche,
Comme branche reste accrochée à son bel arbre.
Il lui apportait des fleurs tous les jours, des roses,
Parfois des lys, d'autre fois des pensées colorées
Qu'elle fleurissait de beaux mouvements éteints,