En souvenir du déporté N° 86910 Mon ami Victor Neugebauer.
En ce jour de commémoration De six millions d’exterminations De six millions de disparitions Tous ces morts sans explications Et toi revenu quasi mort de déportation…
Comment oserais-je te le dire Comment oserais-je te l’écrire Comment oserais-je discourir Comment oserais-je sans rougir Parler à ta place, toi qui connus le pire ?
Alors que puis-je faire ce jour Qu’un inutile et pauvre discours Ou me redemander à mon tour Comment sont-ils restés sourds Devant ta souffrance, la fumée, les fours ?
Je ne peux oublier, c’est évident S’il faut à nouveau aller de l’avant Ni vous, ni moi, seul un survivant Aurait le droit de parler d’avant Raconter l’horreur en s’émouvant Comme tu le faisais encore vivant Alors que ne reste que l’écho de ta voix dans le vent…