Tout change…
Il y a ...ante ans à peine, elle était toute jeune,
Elle commençait tout juste à signer son parcours,
Un bail trois-six-neuf dont elle a déjà vécu les deux-tiers
Et repéré presque tous les contours,
Un bail qu’elle aimerait bien reconduire,
Mêmes conditions, charges et possibilités de recours,
Un long chemin romantique parsemé comme
Dans les chansons tendres, de jamais, de toujours.
Il y a un an à peine, mais ce n’est pas possible,
Une fois de plus, rien vu, rien vécu, c’était hier,
Pas les moyens de se retourner, rien à faire,
Ce fichu temps accélère sa vitesse de croisière,
Ne lui donne qu’une chance, aucune possibilité
De corriger, d’effacer, de revenir en arrière,
Vivre telle une aquarelle
Unique coup de pinceau possible et aucune retouche derrière.
Il y a un mois à peine, que s’est-il passé,
Encore un mois écoulé… incroyable, c’est la panique,
Pléthore de souvenirs accumulés,
Ne vaudrait-il pas mieux pour elle de faire le choix logique
De s’arrêter sur chaque instant que lui offre la vie,
Tous ces moments riches et éclectiques,
Faire l’impasse du quand, du comment,
Du combien pour passer de la recherche à la pratique.
Il y a un jour à peine, dernier sursaut,
Poursuite désespérée de la vingt-cinquième heure,
Magie de l’au-delà des possibles, besoin d’essentiel,
Quête éperdue de son être intérieur,
Elle se reconstruit en cette dernière journée,
Rappelle la vieille, l’adulte, la femme, la mineure,
Toutes celles qui l’ont constituée, qu’elle a reconnues
Et qui font d’elle une femme d’honneur.
Il y a une minute à peine, course effrénée,
La minute est passée, le temps s’est enfin arrêté,
Elle plane silencieusement, au-delà des contraintes,
Loin des tourments, elle se laisse ballotter,
Elle flotte, elle écoute les silences, déchiffre
Les mystères, interprète la toute puissante fatalité,
Effleure l’inaccessible et enfin hors du temps,
Elle découvre apaisée, le secret visage de l’éternité.
Et il y a un présent - - cadeau de la vie,
Elle rejoint le monde des possibles, retrouve la raison,
La boucle est bouclée, les divagations sont terminées,
Elle doit reconstruire son énième maison,
Son intime et multiple demeure, abri bien pensé,
Bien construit, bien cerné sans être une prison,
Pour y rencontrer Demain cet avenir lumineux
Et ouvrir le champ des possibles à tous les horizons.