Amertume
Ma terre tremble, ma pensée s’ébranle,
D’abord impétueuse, ensuite vertueuse,
Elle s’abîme dans les tréfonds de ma folie,
Qu’ai-je fait et qu’ai-je dit ?
Sinon du mal et de la mesquinerie,
Voilà de quoi je suis fait,
Merci dieu, merci père,
D’avoir conçu un être infâme.
Mes regrets sont vrais mais tardifs,
Et sont ma seule récompense à la vie,
Mon don de moi et de ma chair,
Violents, incompréhensibles,
Enflammés par une ardeur craintive,
Comme un océan battant la côte,
Dans une rancune belliqueuse,
A la recherche de cœurs à pourfendre.
Mais la punition tombe aussitôt,
Et les ponts et les liens s’écroulent,
Autour de nous, devant et derrière,
L’angoisse de ne plus te sentir,
M’étreint le foie, suppurant son noir,
Ah qu’il est content ce viscère !
Il a joué pleinement son rôle,
D’artificier de ma colère drôle.
Pardonneras-tu les velléités de mes humeurs,
La souffrance perfide et généreuse,
A laquelle je crois devoir me fléchir,
Car il n’ait plus fort sentiment,
Que la rage qui me fasse vivre,
Mon âme est ainsi faite, de peurs,
Et la guider dans les choses de l’amour,
Est comme le périple d’Ulysse.
Souvent pourtant, cette animosité volontaire,
Semble rédemptrice de bien des maux,
Et en cela, je ne puis m’excuser,
Car, après l’orage dans mon cœur,
Les vérités se font plus saillantes,
Me dictant que tu es mienne, longtemps encore,
Et que d’amour, je suis façonné pour toi,
Toi, ma belle Ecosse et la Terre aussi.