La pensée libre, la chair morte.
Le masque bien ficelé sur le visage,
Avec lequel est permis des sevices sages,
Et qui le cache, lui, des hommes, de leur rage,
Le bourreau aiguise sa hache dans sa cave.
Tandis que son compagnon dans la mort donnée,
La face libre ; derrière l’Ethéré,
Son âme, vile, sournoise, est protégée,
Relit le Livre et les mots, aux morts, dédiés.
Des soldats accumulent du bois sur la place,
Curieux, les gens approchent en une masse,
Excitée de regarder la mort en face,
Et dont, en bouche, le goût du sang est tenace.
La population crie et crie vengeance !
Frappe le sol des pieds dans l’impatience !
Mais que sait-elle, cette purulente engeance ?
Sinon la crainte du Roi et de sa sentence.
Toute cette nuit, il réfléchit à sa peine,
Lui, revenu d’une contrée si lointaine,
Il psalmodia, enrôlée dans ses veines,
La pensée étrangère. Voilà sa déveine !
Des pas se font entendre ; une porte grince ;
Des hommes approchent à la pitié mince,
Bientôt, il le sait, il rejoindra les nymphes,
Et son dieu pour nourrir la haine d’un prince.
Il ne crie ni ne pleure mais il se plaint,
De voir chair si faible et esprit si malsain,
En un pays qui, enfant, lui donnait le sein,
Et qu’il caressait de sa plus joyeuse main.
Les flammes s’élèvent au ciel ; en enfer,
Il se sait être alors que, ingénu, hier,
Ceint de frais pâturages et de rivières,
Il se croyait encore au paradis, sur Terre.
Sa chair crépitent et s’éparpillent au vent,
Une odeur âcre se répand lourdement,
Tandis que son âme se libère d’autant,
Et bouleverse les traditions d’antan.