Permets-moi juste une fois de me plonger en toi, Laisse-moi ressentir le bercement du monde, Porte-moi sur ces flots pour tenter ton royaume.
Que trouverait-on au-delà des mers Si d’aventure l’on s’y perdait ? Franchirait-on les portes du Détroit ? Passerait-on le Styx en endossant le vêtement charronique ? Tomberait-on du bord de la Terre sans espoir de remontée ?
Je ne sais quoi répondre à ces questions Qui en ont torturé d’autres avant moi Et quand je me retrouve Face à cette immensité vivante et mouvementée, Je vois comme en miroir les raisons de ce monde, Ce pourquoi il s’anime, Comment il était et comment il sera.
A l’image d’Aphrodite sortant de l’écume, Je me plais à penser que chaque être de chair Doit son corps à cette mer mystérieuse, Que tout y est vie ; contenu, retenu pour le moment venu.
Des pensées soudaines surgissent de la vague, Dessinent devant mes yeux de potentielles histoires : Tout y est, dans cette eau, Réservoir de nos vies, berceau de nos mémoires, Ecrin de l’avenir.
Tu es si calme en apparence Qu’on en oublierait presque Que l’on te doit le monde.