Ce rocher sur lequel nous nous sommes étendus Reste là, surplombant la mer échouante, Bien que tu ne soies plus avec moi. Il garde l’empreinte de tous ces corps enlacés, Passés, un instant, Comme pour graver dans la pierre l’éternité de leur amour.
Mais voilà qu’aujourd’hui je reviens seul sur ce rocher, Perdu au loin le point d’horizon, Déposer un moment ce qui est dans le cœur, L’inscrire sur la pierre, parchemin de tout temps.
Est-ce à dire, en se le prouvant, Qu’il n’est d’indéfini Que cette nature-là ? Depuis combien d’années et pour combien d’autres encore Gardera-t-il mémoire de nos élans ? Au-delà du souvenir qui disparaît peu à peu, La marque sur ce roc patiné par la mer Durera-t-elle toujours ?
Et tu n’es plus là pour la surenchérir, Pour surexposer à la même place le même sentiment.
Le rocher sur lequel nous nous sommes étendus En a vu tellement d’autres Qu’il mêle les images et confond les personnes ; Mais en guise de trace, il garde en son noyau de pierre Le sentiment commun, l’esprit animé, le dansant, l’exigeant, Ce qui a fait et fera venir Ces hommes et ces femmes pour partager leurs corps.
Il garde en son noyau de pierre ce secret qui a fait Que, nous aussi, nous nous sommes étendus.