Vipère Insidieuse, Halte !
A la lumière de ce soleil couchant,
Je m’interroge sur le sens à donner à tout cela :
Était-ce vraiment nécessaire ?
N’en aurait-il pas pu être autrement ?
Si aujourd’hui je peux, au milieu de monde,
Me tenir tête haute, ancré sur mes deux pieds,
Est-ce simplement grâce à moi,
Ce que je suis, ce que j’ai été,
Ou devrais-je aussi dire merci, faire s’élever une prière
Pour ceux qui étaient mais ne sont plus ?
Si ma santé est bonne, l’est-elle aussi pour tous ?
Si ma vie est à moi, l’a-t-elle été toujours à d’autres ?
Que ceux qui ont été fauchés, d’un seul coup,
Par cette insidieuse vipère,
Ceux qui, obligés de se cacher, n’ont eu d’autres choix
Que de se laisser conduire dans l’obscurité des wagons,
Ceux qui s’en sont sortis, qui en sont revenus,
Que tous, où qu’ils se trouvent, sachent
Qu’il y a un peu d’eux dans chacun de nous
Et que si l’on peut profiter de la santé,
Plus rien ne saurait nous enlever la vie.
Puisque les exemples ont été donnés,
Avec prudence et raison,
Oublions de le renouveler.
Envoyons au diable ses créatures maléfiques,
Qu’elles soient hommes ou maladies,
Faisons que plus jamais un homme ou une femme
Ne souffre ou ne meurt pour vouloir exister.
Et c’est à la lumière du levant que je reste debout,
Rien ne doit me faire céder, par respect pour la vie,
A la mémoire de toutes ces étoiles qui brillent maintenant.