Tu me dis ta foi, pèlerin, C’est très bien. Tu m’a fais dieu d’amour, Je l’admets, ce fut un grand jour. Tu loues ma puissance et ma justice, Et que dire de mon ultime sacrifice ? De ma souffrance tu as fait ton exemple : Sur elle reposent tes autels et tes temples. Mieux encore, tu cries devant tous ma gloire éternelle : Ai-je jamais rêvé d’une image si forte et si belle ?
Oui, pèlerin. Tout ça est beau, Bel et bien beau. Mais, tout est faux. Divinement faux.
Je hais ta foi, ton amour et tes bigots. Je te vois de là-bas, je te vois de là-haut. Je te sens de partout, je t’entends de nulle part Raconter alentours mille fois tes bobards, Falsifier ma mémoire et lapider mon repos.
Oui, pèlerin. Je n’existe plus. Je ne prêche plus. Et je ne pardonne plus rien De ce que m’écorche l’humain.
Reprends les hommes à ton compte. Reprends ta croix et porte-la toi-même. Lève-la, traîne-la, ou jette-la et consume ta honte. Libère mes épaules et mon nom de tes hypocrisies Qui pèsent aussi lourd que tes autres péchés réunis.