"Il y a dans mon histoire des images sans visages, Des paysages sans âges, des passages de villages Un partage de voyage, et des âmes en déroute J’ai parcouru les routes, assommé de fièvres et de doutes…
Le regard perdu, qui se jette dans les vagues Je me trouve ici, aux frontières de ma vie, Mes mains dans le sable, étreignent mon passé S’égrène entre mes doigts mon histoire d’exilé…
Clandestin sans papiers, prisonnier de ce siècle Où les frontières des hommes, brisent l’égalité L’argent et la peur, fondent le socle De l’idée d’un crime… Celui d’être né.
Un château de sable, orné de fleurs Illumine le fronton d’un bunker Ce même sable qui autrefois étouffait les cris Lorsque les canons eurent fini
Car naguère, On venait d’Angleterre Mourir sur vos plages Désormais, au contraire, on y rêve d’un passage
A la gloire de vos pères, venus sauver l’héritage Vous gardez pour vos frères, l’étendue d’un rivage Barbelés et armées, mortifient vos Nations Condamné à errer sous les fourches caudines
Sur la grève un couple s’embrasse Se prélasse dans le vent Leur jeunesse leur offre tant de grâce Dans son ventre un enfant
Depuis l’aube de ma mémoire Ma vie n’est qu’infortune Au crépuscule de l’espoir J’ai dû abandonner ma brune
Même au loin son visage n’était que larmes Mes promesses, elles, n’étaient que mensonges Au sel sur ses lèvres, à ses yeux plein de charme Je renonce à jamais… A mes rêves et mes songes…"