Une nuit complète en ce lac, Une nuit complète en ce ventre bouillonnant, Une nuit, peut-être, est incomplète Sans cette chanson. Cette chanson qui vous berce Et vous câline. Vous dormez alors.
Le songe, vapeur de parfum, Nuage d’odeurs colorées, S’imprègnent pas à pas, A tâtonnements, aveugle parmi l’obscure. Il s’imprègne, et se marque, Et vous réveille.
Vous dormez, vous veillez. Les couleurs, dans cette ombre, Sont éclatantes de vies comme jour. Le bruit du silence se fait muet dans l’eau, Et dans le bruit de ce silence vous dormez.
Mais, voilà déjà que le nuage s’éloigne. L’orage couve, et le ciel se prépare dans ses volutes. Voilà un autre jour qui s’annonce par son fidèle éclat. Voilà un autre goût qui s’annonce par sa fidèle fragrance.
Ah ! que l’on est bien dans les bras de Morphée. Qu’il est doux de sentir son calme et son souffle. Et d’entendre sa voix ensorceleuse…
Et le temps passe. Les nuages deviennent moins imposants, L’orage gronde moins, et le ciel est fatigué D’avoir tant et trop enfanté. Les odeurs, les sons, tous s’estompent et s’apaisent.
Quel est donc ce goût que l’on retrouve, Le matin, en s’éveillant parmi les eaux du soleil Et dans nos draps défaits qui nous réclament ?
