Loin, au-delà du néant Où les regards s'enfuient, Au-delà de l'antan D'où nos passés s'appuient, De leurs béquilles de temps, Sur nos attelles d'instant Se resquille le présent, S'incendient nos instincts Se consume l'errement De nos vies d'incertains.
Loin, au-delà de l'espace, Se maquillent nos traces, Déguisant nos serments En promesses tenaces Aiguisant nos tourments En caresses menaces, Tournoient élégamment Nos appétits voraces, Et nos soifs d'amants Scintillant leur audace Jusque dans les impasses Où s'annihile l'aimant.
Loin, au-delà du temps, S'inscrit le firmament Qui verra de nos êtres Deux enfants en renaître, Turbulents et comètes Bousculant le printemps, Arrosant de gamètes Nos agonies dardant Leurs silhouettes défaites De soleils ardents Sous les lunes parfaites Où se leurrent nos mordants.
Loin au-delà de nos êtres, Se pleurent les accidents, Se meurent les paraître Et demeure l'oxydant.
A jamais envoie paître, Ce passé, ses défaites, Qui tels des mots-lettres S'effacent en s'écrivant.