Des fleurs de vent tombées d'un ciel de pierre Jonchaient le pied fané du gibet millénaire. Dans l'éclat noir des statues où roulaient des vertiges, La lune nue mirait sa demi-rondeur vierge. Sur la lande ensorcelée Chassaient des hordes aboyeuses aux dents d'or.
Le guitariste aveugle aux doigts assassinés Cherchait pour ses yeux morts sur le tombeau des astres La coupe panachée des pierres à soleil, Le feu gonflant le long du marbre armé d'orgueil.
Mais les statues d'or faux ne saignaient que pour rire. De ses doigts émaciés, le calice éclata En serpents qui, parlant, se muaient en tempêtes, Et leurs yeux irradiaient le long des horizons.
Sous les masques moirés des planètes hilares, Orphée s'est pendu. Ses cheveux étoileront sa potence gelée. Le vent hume son front ceint de clartés magiques. La nuit narquoise ouvre un large fossé ferré Où danse, effrontée, la céleste virgule.