Le grand lion couché s'étire et baille. Il songe, nostalgique et résigné, Aux longues herbes qui dansent et roulent dans la savane Comme des vagues de senteurs...
A l'ombre d'un vieil arbre, il scrute l'horizon. Secouant sa crinière il tend son nez au vent... Mais le Kenya est loin, trop loin sont ses amours. Que sa prison est vaste, vide et dérisoire!
La gazelle au trou d'eau, gracile et attentive, L'envol des flamants roses dans le couchant qui flambe, Et l'appel de la lionne, lascive et impatiente... C'est l'Afrique qu'il hurle quand le grand lion rugit.
Enfin se recouchant dans l'ombre qui s'allonge, Il a posé sa tête, gardé les yeux mi-clos. Les parfums du Kenya, la course du gibier, La danse des oiseaux, la lionne inapaisée,
Soudain, dans l'air du soir, l'Afrique s'est diluée...