Les doux rêves très bleus De mes nuits sans réveil S'envolaient sans bagage Jusqu'au bleu de tes yeux Pour surprendre ton regard, Tu m'en faisais cadeau; Les joyeux lapins bleus De ma bien tendre enfance Bondissaient comme faons Dans les prés de luzerne En taisant les angoisses De la princesse en bleu Qui passait en chantant; De sinistres hommes en noir Accouraient pour détruire Le château de mes songes, Sans pitié pour l'enfant Qui dormait dans la tour, L'âme remplie de bleus, S'insurgeant et hurlant Contre ces anges de l'enfer, Foulant de leurs souliers Les fleurs bleues du jardin.