Allongé dans le champ de luzerne, Dans la moite torpeur de juillet, J'écoute le chant strident des criquets, Pendant qu'une grosse sauterelle verte Se pose hardiment sur mon corps immobile.
Et là, bien loin de la rumeur citadine, A des lieues des klaxons et du métro, Je retrouve, ému, les odeurs de l'enfance; Un mélange d'herbe fraîche et de fleurs Me remplit agréablement les narines.
Plus loin, sur un sentier moussu, passe Une vieille femme voûtée, un cabas à la main, Elle ne peut pas me voir, mais je la suis des yeux, Et tant de souvenirs ressurgissent, précis, Embrumant tout à coup mon front soucieux.
Je n'avais que sept ans, timide et solitaire, Et marchais au côté d'une autre vieille femme; Elle et moi, nous partions ramasser du bois mort, C'était presque comme une cérémonie, un rituel, Et je n'ai rien oublié de ces années sereines.