Les jours deviennent plus courts, Octobre touche à son terme, Tous les arbres se dénudent, La nature s'est mise en grève, Et sur le banc du square, Quand la nuit va tomber, On n'aperçoit plus guère Qu'une vieille femme ridée, Presque absente, déjà; Elle fredonne doucement Un air passé de mode, Souvenir de sa jeunesse; Elle est là, vulnérable, Démunie de toute vigueur, Dans le sournois silence De la ville qui s'endort; Son monde s'est écroulé Depuis bien trop longtemps, Elle n'attend plus personne; Alors elle renoue son foulard, Récupère son cabas à ses pieds, Puis elle se lève avec peine Et s'éloigne en boitillant D'un pas très mal assuré. Ce jour là s'en va en douce, Mais un autre jour va venir; Elle se sent tellement lasse, Elle a hâte que s'achève l'aventure, N'ayant plus d'autre espérance Qu'en cet au-delà qui l'attend.