Il fallait bien toujours faire une petite halte, Une fois arrivé au sommet de la colline, La pente était assez sévère et le soleil brûlant; De là-haut, je pouvais contempler notre hameau En contrebas, et soudain j'aperçus cette fille Que j'aimais, elle revenait du lavoir municipal Où elle avait du rincer ses charmants dessous; C'était encore l'habitude, en ces années là De faire chaque samedi la lessive hebdomadaire; Elle marchait bien droite, fière comme une princesse, Et je m'étais, à cet instant précis, souvenu de ce jour Où je lui avais avoué mon amour: " Tu sais, ma douce, Cette fois je suis tout à fait certain de t'aimer ! " Elle m'avait écouté, un peu incrédule, tremblante, Et j'avais passé la main dans sa brune chevelure, Pendant qu'elle se faisait chatte, se collant contre moi; Nous n'entendions plus rien, pas même le vent fou Qui soufflait, furibond, sur les grands peupliers; Ce jour là, sans hésitation, nous nous étions choisis.