Au coeur du grand silence, Dans le jardin secret, J'ai marché au hasard, Semant au vent mauvais Mes caresses vers toi, Echappées de mes doigts Si gourds et si tremblants; Puis je les ai suivies, S'envolant vers les nues, Se perdant tout là-haut Dans le ciel couleur suie; Comme je voudrais bientôt M'évader moi aussi De ce triste univers Où l'amour le plus pur S'effrite avec le temps, Où rien n'est innocent, Pas même l'amitié, Où tout n'est qu'apparence Ou plaisir frelaté. Au hasard j'ai marché, La tête dans les épaules, Le coeur bien fatigué, Le long des barbelés, Et longtemps j'ai pleuré.