Tout au bout d'un sentier caillouteux, Dans le petit bois d'un modeste village, Je revois encore cette jeune fille blonde, Nonchalamment allongée dans les fougères, Comme si elle sortait d'une pochette-surprise. S'attendait-elle à ce que je vinsse Poser ma tête tout près de son coeur Pour la bercer très tendrement ? Elle me parla avec une grande douceur Du bel été et du vent de pluie, Et moi déjà j'étais fou d'elle, Des deux pierres bleues de ses prunelles; Lorsque je fus certain de comprendre Qu'elle consentait à mes avances, Je nouai mes deux bras amoureux Tout autour de sa taille fine, Tandis que mes lèvres affamées Se soudaient à sa bouche rosée; Ce fut d'une main un peu tremblante Que j'effleurai ses tout petits seins, Sans qu'elle m'en fît le reproche; M'enhardissant, je relevai sa jupe Pour admirer ses jambes fuselées; Mais quand je tentai d'aller au delà, Afin d'écarter le voile de nylon blanc, Elle me dit d'une voix claire et pure : " Avant de faire l'amour, il faut aimer." Je savais bien qu'elle avait raison, Et tout de suite je redevins sage.